Conseil québécois du théâtre
Les Entretiens du CQT en mode écoute
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Une centaine de praticiens du théâtre ont répondu présents à l’invitation du CQT de participer à ces premiers Entretiens le 27 octobre 2014. Réunis au Centre St-Pierre à Montréal, l’équipe du CQT leur a présenté un état des lieux des travaux réalisés par les trois comités mis sur pied à la suite du Colloque tenu en novembre 2013.
 
Dominique Leduc, ex-présidente du CQT, présentait à l’assemblée les propositions de balises pour l’évaluation des successions dans les compagnies de théâtre. Ces balises ont été définies lors des travaux du comité Balises de succession et s’articulent autour de trois axes : l’évaluation du processus de succession, l’évaluation de la compagnie et l’évaluation du successeur pressenti. Ces trois axes sont détaillés au sein d’un document intitulé Proposition de balises pour l’évaluation des successions dans les compagnies de théâtre, document avalisé par le conseil d’administration du CQT et déjà déposé auprès des conseils des arts. Ces derniers ont assuré le CQT qu’ils mettront en place une réflexion commune quand il s’agira de statuer sur un dossier de succession présenté par une compagnie. Les participants ont insisté sur la nécessité que soit mis en place un seul jury pour les trois conseils des arts et qu’il soit composé de pairs habiles et compétents à statuer sur de tels dossiers.

Ceci complétait la première phase des travaux du comité qui vont se poursuivre dans un deuxième temps sur la définition d’une politique permettant de pérenniser la vocation culturelle des lieux de production, de diffusion ou de création, ce, dans le cas de figure où des organismes exploitant de tels lieux aient décidé de cesser leurs activités.
 
Hélène Nadeau, directrice générale du CQT, exposait la progression des réflexions du comité Avenir du théâtre au mandat très ambitieux. Les participants ont été interpellés sur quatre questions fortes, soit :
  • Prendre des risques ou viser le succès ? Cette question partait d’un postulat : beaucoup d’artistes conjuguent leur démarche artistique avec la difficile gestion d’un organisme sous-financé aux prises avec des processus administratifs de plus en plus complexes. L’omniprésence des responsabilités liées à la gouvernance et le pouvoir dévolu aux conseils d’administration peuvent facilement déséquilibrer les priorités et susciter un glissement pernicieux vers la quête d’un succès commercial, potentiellement au détriment de l’excellence artistique. Le temps et l’énergie requis par l’incessante quête de fonds privés, les soirées-bénéfices et autres événements, siphonnent l’énergie créatrice pour la détourner de son but premier.
  • Que faire quand l’artiste n’évolue plus dans son art ? La difficulté du constat réside dans la manière de l’exprimer. En effet, à qui des jurys de pairs, des conseils des arts ou du conseil d’administration revient-il de transmettre les mises en garde et de mettre en place des mesures d’accompagnement ?
  • Inventer de nouvelles relations avec le public ? À cette question, les participants étaient renvoyés à la notion de la fonction de l’art théâtral dans une ère de changements sociaux, au sens des œuvres théâtrales perçu ou non par le public et à la nécessité, ou non, d’inventer de nouveaux langages scéniques.
  • La diversité culturelle est-elle présente sur les scènes ? Cette interrogation répond à l’absence encore trop marquée des minorités artistiques issues des communautés multiethniques dans le paysage théâtral. 
Les discussions qui s’en sont suivi ont révélé la fragilité de l’art théâtral, son devoir de pertinence au sein de la société, son nécessaire développement malgré un contexte d’économie d’austérité. Il a été suggéré l’opportunité d’établir un débat sur l’incidence de l’art théâtral comme acteur de développement social et politique, débat qui pourrait se mener avec des philosophes, des intellectuels et des scientifiques afin que le milieu théâtral réfléchisse hors de ses propres frontières.
 
Après un résumé de travaux et des constats du comité Nouveaux modèles de gestion sur les limites du système théâtral québécois, Etienne Lévesque, responsable de la recherche et de la documentation au sein du CQT, a présenté des pratiques alternatives de mise en commun des ressources ou d’accompagnement administratif existant à l’heure actuelle au sein du milieu théâtral. Par la suite, des représentants d’organismes ont exposé des démarches qu’ils accomplissent auprès de compagnies ainsi que de nouvelles avenues de modèles de gestion qui s’orientent vers des structures de production misant sur une mise en commun des ressources.
 
  • Marcelle Dubois du Théâtre Aux Écuries
Le Théâtre Aux Écuries est un centre de création et de diffusion spécialisé en théâtre. Il propose un ensemble de services et de mentorat pour accompagner des démarches artistiques, dont le soutien à la structure d’une compagnie, à la création, à la production et à la diffusion d’une œuvre. Il offre 3 à 6 résidences de création par année d’une durée de 3 semaines.
  • Danièle Drolet du Théâtre La Licorne
À titre de diffuseur spécialisé, un accompagnement sur le plan de l’artistique, de la production, de la technique, des communications, de l’administratif, est offert aux compagnies qui y présentent un spectacle, en fonction de leurs besoins.
  • Isabelle Boisclair du Théâtre Le Clou
Le Théâtre Le Clou propose un théâtre de création et privilégie la rencontre avec le public adolescent. À titre de compagnie établie depuis 25 ans, elle est souvent appelée à partager son expertise avec des compagnies de la relève concernant notamment la diffusion internationale, les demandes de subventions ou des conseils artistiques et techniques. Également, la compagnie prête gratuitement sa salle de répétition.
  • Véronique Fontaine et George Krump du projet Le Bureau
Le Bureau est un groupe d’artistes et de travailleurs culturels réunis pour réfléchir à la mise sur pied d’un organisme de services qui permettrait d'améliorer les conditions de la pratique théâtrale. Cette initiative vise à offrir un service structurant d’accompagnement personnalisé aux artistes et aux compagnies de théâtre sur le plan de la gestion, la communication, la production et la diffusion. Le Bureau souhaite devenir une pépinière de travailleurs culturels afin de favoriser la rétention d’expertises au sein du milieu théâtral.
  • Denys Lefebvre et Jean Régnier de Scène ouverte
Scène ouverte se veut une initiative de mise en commun et de partage des ressources comportant deux volets, soit un atelier de création ainsi qu’une cellule de gestion. Ce projet regroupe 11 compagnies issues de différentes pratiques artistiques.
 
Ces premiers Entretiens du CQT se sont conclus après la présentation de ces initiatives. Les travaux de ces trois comités majeurs vont se poursuivre dans le temps.
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