Conseil québécois du théâtre
Réponse du CQT à l'enquête « Théâtre : un univers tricoté serré » parue dans La Presse
5 octobre 2016 | PARTAGER :        

Voilà ce que nous faisons !

 
À notre grande surprise, l’enquête Théâtre : un univers tricoté serré parue en fin de semaine dernière dans La Presse, suivie de l’article de Mario Girard publié dans La Presse+ du jeudi 29 septembre, présentent une vision parcellaire de la réalité du théâtre québécois en 2016. Le Conseil québécois du théâtre (CQT) souhaite nuancer certains éléments avancés dans ce dossier et apporter quelques précisions nécessaires qui permettront, nous l’espérons, de dépasser le stade des évidences et des belles promesses.
 
Le 13e Congrès Théâtre & Diversité culturelle, organisé par le CQT en novembre 2015, avait déjà posé le diagnostic d’un milieu théâtral ne reflétant pas la diversité de la société québécoise d’aujourd’hui. À l’issue de ce congrès ont été adoptées différentes propositions d’actions par les membres de la communauté théâtrale, dont la création d’un comité « Théâtre et Diversité culturelle ». Sur ce comité siègent des artistes, des travailleurs culturels, des représentants d’association comme l’Union des artistes (UDA) ou Diversité Artistique Montréal (DAM). Tous partagent la même ambition : décloisonner le monde du théâtre pour qu’il nous ressemble, nous, Québécois de toutes origines, autochtones, anglophones, immigrants venus d’horizons divers et formant une société moins blanche qu’il n’y paraît.
 
Affirmer que « rien ne change » comme le fait Mario Girard, c’est tirer un trait sur une révolution de petites mains qui agissent tous les jours pour une meilleure représentation de la pluralité de la société québécoise sur nos scènes et en dehors. Pourquoi ne pas parler aussi de ceux qui osent ? De ceux qui prennent des initiatives pour faire changer les choses ? Nous pourrions évoquer Philippe Soldevila du Théâtre Sortie de Secours, dont la démarche artistique est tournée vers la rencontre interculturelle, Anna Beaupré Moulounda, auteure de Sans Pays monté par le Théâtre du Tandem, Julie Vincent et Ximena Ferrer de Singulier Pluriel qui avec leur théâtre élaborent une pratique interculturelle en proposant une lecture différente des rapports Nord-Sud, Philippe Ducros des productions Hôtel-Motel qui signe des œuvres traversées par la question de l’identité, Ana Pfeiffer Quiroz dont la prochaine pièce, Parrêsia, mettra en question l’absence de la diversité culturelle dans les théâtres montréalais, Émilie Monnet qui avec sa compagnie Onishka tisse des liens avec les différentes communautés autochtones, Geoffrey Gaquère dont le Théâtre Espace Libre favorise le dialogue interculturel, mais aussi des dramaturges comme Mani Soleymanlou, Olivier Choinière ou Olivier Kemeid qui expriment, à travers leur écriture, leur appartenance à un Québec aux identités multiples. Tous par leur travail explorent la pluralité de la société québécoise et œuvrent au rapprochement entre les cultures. Nous pourrions également parler de la programmation Scène contemporaine autochtone de l’OFFTA, de l’ouverture dont font preuve certains théâtres comme le Théâtre Aux Écuries, le Centre du Théâtre d’Aujourd’hui ou le Théâtre de Quat’Sous sous la houlette d’Éric Jean, du Focus sur la création contemporaine des Premières Nations organisé par La Chapelle | Scènes Contemporaines ou encore du mandat et des pratiques du MAI (Montréal, arts interculturels). Pourquoi ne pas saluer aussi le programme Mentorat Artistique Professionnel de DAM qui permet à des artistes dits de la diversité d’être soutenus dans le développement de leur carrière ? Citons quelques mentors en théâtre, comme Éric Jean - qui au Quat’Sous avait notamment mis sur pied les « lundis découvertes », sorte de carte blanche offerte à un artiste issu de la diversité - Annie Ranger, Dominique Leduc, Yves Simard, Marilyn Perreault, Isabel dos Santos et Julie Vincent[1] qui agissent pour la reconnaissance de tous les talents.
 
De notre côté, le CQT à travers son comité « Théâtre et Diversité culturelle » analyse actuellement le concept d’auditions ouvertes à tous les interprètes, sans aucune distinction.
 
Loin de nous l’idée de dresser ici une liste exhaustive de tout ce qui est réalisé. Nous voulons simplement démontrer que même si rien n’est acquis et que beaucoup reste à faire, il existe des initiatives dont on ne parle pas assez et qui méritent d’être encouragées publiquement. Croire au changement, c’est aussi mettre en avant celles et ceux qui donnent l’exemple.
 
C’est pourquoi, avant d’aborder un tel enjeu de société, nous invitons les médias à consulter les organismes détenteurs d’une expertise sur le sujet, tels que le CQT, DAM, Vision Diversité ou l’UDA.
 
 
[1] Nous remercions les mentors cités de nous avoir autorisés à divulguer leur nom.
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