Liège: L’inclusion sociale par la culture
- Publié le 04-04-2017 à 08h37
- Mis à jour le 04-04-2017 à 08h38
Des partenaires culturels de la Grande Région, dont le Théâtre de Liège, lancent le projet "Bérénice".Bérénice est ce nouveau réseau d’acteurs culturels et sociaux (festivals, lieux de création, associations…) en Grande Région réunis pour lutter contre les discriminations et promouvoir la diversité culturelle en favorisant notamment la programmation de spectacles mêlant étrangers et artistes de la Grande Région, en programmant des spectacles qui interrogent les questions de cultures et d’identités, ou encore en développant la mixité des publics en facilitant l’accès et créant davantage de liens avec les publics issus de communautés minoritaires. Ce projet transfrontalier, soutenu par l’Europe pour trois ans, bénéficie d’un financement du fonds Feder de près de 2 millions d’euros sur un total de 3,4 millions d’euros. Le restant étant financé par les cinq partenaires du projet que sont le festival Passages (Fr.), l’EPCC Mets en Scènes (Fr.), le Trier Theater (All.), le Chudoscnik Sunergia d’Eupen (B.) et enfin le Théâtre de Liège (B.).
"Le nom du réseau "Bérénice" est tiré de la pièce de Racine qui conte l’histoire de l’empereur Titus de retour à Rome accompagné de Bérénice, princesse juive palestinienne dont il est tombé amoureux. Malheureusement, son peuple la rejette et il choisit la raison d’État plutôt que son amour", explique Hocine Chabira, directeur artistique du festival Passages à Metz et chef de file du projet. Français d’origine algérienne ("plus jeune, je ne savais pas trop où me situer au niveau identitaire"), aujourd’hui metteur en scène, l’homme s’est inspiré de son expérience mais aussi de l’actualité (et la montée de l’extrémisme) pour mettre sur pied ce projet. "Je suis convaincu que la culture et l’art ont un rôle à jouer pour créer du lien. C’est pourquoi il important de se rassembler, de mutualiser les moyens humains et financiers et de voir ce qui pourrait se faire en matière d’inclusion sociale par la culture. On a envie de mettre au cœur du projet cette question de l’étranger", souligne-t-il. Pour Serge Rangoni, directeur du Théâtre de Liège et partenaire du projet, "c’est l’occasion de développer des actions et de croiser le travail du mouvement associatif avec le travail artistique. C’est aussi pouvoir dialoguer, partager des cultures et avis différents. Les conditions de migration en Belgique ne sont pas les mêmes qu’en France, on va donc apprendre les uns des autres pour renforcer le combat commun".
Trois ans, trois actions
Le projet Bérénice, prévu jusqu’au 30 septembre 2019, se décline en trois actions. La première est la création d’un label Bérénice attribué à des spectacles davantage représentatifs de la diversité culturelle et qui proposent également un accompagnement des publics dits éloignés ou empêchés (contextualisation des spectacles avant ceux-ci, rencontres et échanges avec les artistes,…). "L’objectif est de développer des projets plus fidèles à la diversité culturelle, affirme Hocine Chabira. C’est faire en sorte que le spectacle soit le miroir du monde mais aussi que cette diversité soit présente dans la salle en leur permettant d’accéder gratuitement aux spectacles ou en les accompagnant par un travail de médiation".
La deuxième action est celle de la fondation de la Bérénice Factory, une plateforme d’accueil et d’accompagnement des artistes réfugiés au sein de la Grande Région.
Enfin, la troisième démarche porte sur la production de "spectacles nomades" portés ou coproduits par les différents partenaires. Ces spectacles voyageront à bord de la Caravane Bérénice de mai (à Metz) à octobre 2019 (à Liège) pour aller à la rencontre de publics des zones rurales éloignés de l’offre culturelle.
Notons également qu’un appel à projets est lancé par le réseau Bérénice auprès des artistes de la Grande Région. Qu’il touche au théâtre, à la danse, à la musique, à l’art vidéo…, "le projet recherché développe un questionnement sur la notion de discrimination et favorise le dialogue entre les cultures", est-il précisé.