Conseil québécois du théâtre
Technologies: ce qu'il reste de nouveau!
1er juin 2021 | PARTAGER :        

Par Comité numérique

Pourquoi, dans la société contemporaine, on dissocie de façon systématique les nouvelles technologies des arts de la scène, comme si les unes ne pouvaient pas aller avec les autres? Pourtant, nous savons que l’art théâtral se développe en syntonie avec la technologie depuis des siècles: déjà chez les Grecs qui, à travers des technologies mécaniques et hydrauliques, avaient crée le Deus ex machina, ou encore avec les oeuvres de Molière, dans lesquelles la durée des scènes était conçue en fonction du temps que cela prend à une bougie de s'éteindre.

Cette relation ressort davantage si on observe les transformations des 150 dernières années, où il y a eu trois révolutions technologiques: premièrement, la révolution électrique, grâce à laquelle on n’avait plus besoin d’éclairer les salles à la bougie, mais on pouvait les éclairer au gaz; ensuite, la révolution électronique, grâce à laquelle on a commencé à utiliser les consoles (années ‘50-’60) et à permettre aux comédiens d’utiliser les microphones, par exemple; enfin, l’arrivée des technologies numériques, avec l’usage d’internet et la diffusion d’une culture digitale. 
 

Théâtre en balado - Crédit photo: Xavier Inchauspé

L’impression que la révolution numérique donne est qu’elle ne laisse pas le temps au théâtre d’intégrer les technologies dans les processus créatifs qui lui sont propres, en raison de la vitesse de l’innovation. On a donc la perception de se retrouver soudainement dans la question de “créer avec de nouvelles technologies”, alors qu’elles existent depuis plusieurs décennies. Pourquoi, du coup, on les considère toujours nouvelles? Des précisions au niveau du vocabulaire s'avèrent nécessaires quand on parle de nouvelles technologies: il s’agit de technologies numériques qui fonctionnent au moyen d’un système de codage et de transcodage.

Bien qu’elles existent depuis 30 ans, la raison pour laquelle on les définit “nouvelles” est qu’elles n'arrêtent pas de se renouveler, de devenir de plus en plus rapides et efficaces. Ceci dit, le seul élément réellement nouveau est d’ordre socioculturel et économique et réside dans la contrainte du gouvernement qui pousse les arts de la scène à travailler avec les technologies numériques. 

L’autre question que les technologies numériques soulèvent est celle de l’innovation technologique versus l’innovation artistique. Le chorégraphe Merce Cunningham a travaillé avec des logiciels d’animation 3D déjà dans les années ‘80. Est-ce que c’était de l’innovation parce qu’il était le premier à utiliser cette technologie dans la danse ou parce que cette expérience a changé notre rapport à la chorégraphie? 

Le comité s’est donc questionné sur la signification de l’innovation dans les arts vivants à l’ère actuelle: quelle est l'œuvre innovante? Ce seraient, par exemple, les premières œuvres qui intègrent la webdiffusion et la transmission en direct ou celles qui changent notre rapport à la webdiffusion et qui permettent, à travers cette technologie, de renouveler le rapport à l’art théâtral? C’est en ce sens que le comité invite nos lecteurs et lectrices à réfléchir en termes d’innovation artistique, soit la capacité de l’artiste à intégrer les technologies dans son travail et à les hybrider dans son langage, pour changer notre rapport au théâtre.

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